❝ You promised you would never leave. YOU PROMISED ! ❞
CRÉDITS ; @ Black Hurricane
❃ ❃ ❃Chapter 1 ; My dear Cassie, you're a disappointment. Le problème, quand on a une sœur jumelle, c'est qu'il y en a toujours une des deux qui récolte plus d'attention et de lauriers que l'autre. On ne dirait pas comme ça, mais moi j'étais "l'autre".
Ma sœur Cordelia et moi sommes nées un jour où il neigeait tellement que notre mère a failli ne pas arriver à l'hôpital à temps. Dès le début, Cordelia a été la préférée. C'était un bébé souriant, calme, qui ne pleurait jamais. Tout le contraire de moi. Les choses n'ont pas évoluées à mesure que nous grandissions. Nous étions jumelles, mais nos parents, notre père particulièrement, ne nous traitait pas comme des égales. Elle avait tout ce qu'elle voulait, alors que moi je devais "mériter". Je ne comprenais pas pourquoi nous recevions des traitements différents, car j'avais l'impression que nous étions pareilles. Je compris plus tard que Cordelia était la préférée parce qu'elle avait un caractère plus docile. Elle était le faire-valoir de nos parents, la petite poupée qu'ils exhibaient en soirée. Alors que moi, j'étais la petite fille habillée comme un garçon qui restait enfermée dans sa chambre à apprendre par coeur des livres. Pendant très longtemps, mon père m'a reproché mon comportement sauvage. Il pensait que j'avais un problème, que je n'étais pas normale, parce que "toute jeune fille de bonne famille se doit d'obéir à ses parents et de se comporter en petite fille modèle". Mon père pensait que je n'étais pas sortable, que j'étais la honte de la famille. Ma mère, elle, s'en moquait un peu plus. Tout ce qu'elle voulait, c'était me voir troquer mon pantalon contre une jolie petite robe. Je finis par la laisser m'habiller comme elle le voulait, plus pour avoir la paix qu'autre chose. Et puis au moins, elle était agréable avec moi, à défaut d'être gentille.
Cela dura pendant des années et des années. Bien que blessée par ce comportement et cette façon de voir les choses, je finis par ne plus m'en préoccuper. Je laissais Cordelia obtenir toutes les faveurs de notre père, tandis que de mon côté je faisais ce que je voulais. L'avantage, c'était que j'étais libre de mes mouvements, presque personne ne se souciait de ce que je faisais. À l'école, j'étais tout à fait brillante, alors que Cordelia était loin d'exceller. Mais mis à part ça elle faisait tout parfaitement, alors quelques mauvaises notes à l'école étaient excusables... Il fallait simplement que ce ne soit pas moi qui en ramène une... Heureusement, cela n'arriva jamais. À mes dix-huit ans, je décidai de quitter la ville pour aller faire des études de médecine à New-York, laissant ma sœur s'amuser à jouer les stars dans son école de théâtre (ai-je vraiment besoin de préciser que mon école était à mes frais tandis que celle de ma sœur était intégralement payée par nos parents ?). Je me fichais pas mal de les laisser derrière moi. Ils seraient enfin tous les trois et auraient la famille dont ils avaient toujours rêvé. Et moi je serais libérée de la pression quotidienne. Rien ne me manquerait, à part peut-être la ville. Mais je ne doutais pas de pouvoir m'acclimater à New-York.
« Cordelia est morte. » « Pardon ? » « Elle sortait avec des amis, ils ont eu un accident de voiture. Les médecins n'ont rien pu faire. » Après sept ans à vivre un rêve éveillé, j'étais ramenée à la réalité de manière assez brutale. Je rentrai chez moi le plus rapidement possible et trouvai mes parents totalement effondrés. Mon père me traita de tous les noms lorsqu'il me vit, comme si j'avais fait quelque chose de mal en revenant. Devant toute ma famille, il hurla que sa seule vraie fille était morte, et personne ne me défendit. Malgré l'amour que je portais à ma sœur, je repartis aussi sec et n'assistai pas à son enterrement. Je retournai à New-York, avec l'envie de rayer toute ma famille de ma vie. C'est d'ailleurs ce que je fis. J'effaçai de mon répertoire toutes les adresses, tous les numéros, et me débarrassai des photos et autres souvenirs. Je n'avais de toute façon aucun bon souvenir à garder.
Chapter 2 ; I sould have told you...
I never kiss on the first date. « Vous n'avez passé que deux années ici. Notre hôpital est l'un des meilleurs hôpitaux universitaires du pays. Vous ne trouverez pas un enseignement de cette qualité dans votre petit hôpitalde province. » J'avais haussé les épaules en vidant mon casier lorsque le chef du service de cardiologie m'avait fait son petit discours destiné à me convaincre de rester à New-York. Mais c'était trop tard, j'avais pris ma décision. Je rentrais chez moi. J'avais appris que mes parents avaient décidé de déménager, alors je pouvais enfin retourner à Colliston. Certes, leur hôpital n'était pas aussi prestigieux que celui de New-York, mais il n'était pas mauvais non plus et avait besoin de médecins. Le temps de terminer mes études, je pourrais exercer en tant que médecin et m'assurer ainsi une vie confortable et beaucoup moins stressante qu'à New-York (enfin, c'était ce que je croyais). Je repartis donc pour ma ville d'origine, espérant pouvoir remplacer les mauvais souvenirs par des bons. Je fus très bien accueillie par le personnel de l'hôpital, car d'ordinaire les gens démissionnaient et ne postulaient pas pour un poste. Un nouveau médecin et futur chirurgien ne pouvait qu'être bénéfique à l'hôpital. Et moi, j'aurais le nouveau départ que je voulais.
J'achetai un petite maison sur Lancaster Road et en à peine quelques jours j'étais installée comme si je n'avais jamais quitté la ville. Beaucoup de personnes, âgées notamment, se souvenaient de moi et étaient contentes de me voir revenir dans le voisinage. Avoir un médecin en tant que voisine proche les rassurait. Et moi, cela ne me dérangeait pas de leur rendre visite de temps en temps.
Je commençai par prendre les gardes de nuit, pour soulager le personnel déjà présent ayant besoin de bonnes nuits de repos. N'ayant pas de vie de famille, cela ne me dérangeait pas. Travailler de jour ou de nuit, c'était du pareil au même pour moi. Encore que c'était beaucoup plus calme la nuit, l'hôpital de Collinston n'accueillant que très peu de patients, je ne passais pas mon temps à courir d'une chambre à l'autre pour vérifier l'état des patients. Après quelques semaines, je commençais à remarquer que des phénomènes étranges avaient lieu dans l'hôpital. Des portes qui se verrouillaient toutes seules, des appareils électriques qui s'éteignaient et se rallumaient... Au début, je crus à une mauvaise blague de la part de mes collègues, un bizutage qui n'avait en apparence rien de bien méchant. Je compris cependant rapidement que ce n'était pas le cas lorsque la vie des patients commença à être mise en danger. Les moniteurs court-circuitaient, électrocutant parfois les personnes qui y étaient reliées. Et plusieurs fois, je retrouvai les poches de sang destinées au don éventrées dans les couloirs. En plus d'être louche, c'était totalement lugubre. À croire qu'un fou rôdait dans l'hôpital. Plusieurs fois la police vint vérifier ce qu'il se passait, mais elle repartait à chaque fois bredouille, un peu comme si ses visites étaient connues d'avance... De quoi commencer à m'angoisser légèrement. Travailler dans un hôpital ne me dérangeait pas, sauf quand une ambiance de film d'horreur y régnait. Je n'étais pas trouillarde, mais je n'étais pas forcément rassurée non plus. Sursauter à chaque bruit ne me plaisait vraiment pas.
Et cela ne s'améliora pas. Quoi qu'il se passe, je commençai à en faire les frais personnellement. J'eus plusieurs fois l'impression que l'on essayait de me faire tomber dans les escaliers, or à chaque fois que je me retournais, il n'y avait personne. Et les papiers sur mon bureau volaient, au même titre que les ciseaux et autres coupe-papiers que j'évitais de justesse à chaque fois. Inutile de le dire, je devenais légèrement paranoïaque. Et commençais à me dire que j'étais la cible d'un vilain petit fantôme, qui n'aurait malheureusement rien à voir avec Casper. Le plus effrayant, c'était lorsque toutes les lumières s'éteignaient au bloc. Je me retrouvais presque seule avec l'infirmière et l'anesthésiste, un patient ouvert sur la table et des objets coupants volant à travers la pièce. Au bout d'un certain temps, j'étais tellement sur les nerfs que je rentrais chez moi et fondais en larmes systématiquement. J'avais l'impression de perdre l'esprit, de devenir totalement folle. Je me sentais complètement impuissante, je ne savais pas quoi faire pour me sortir de ce mauvais pas. Et un soir où je faisais ma garde quasiment seule, je crus ma dernière heure arrivée.
J'imagine que vous ne vous êtes jamais retrouvé enfermé dans une morgue ? Eh bien moi si.
Cette nuit là avait à priori tout d'une nuit ordinaire. Comme souvent, je devais descendre à la morgue pour déposer le dossier d'un patient décédé. Rien de bien extraordinaire. Je me rendis donc au sous-sol. Je fus surprise de trouver la morgue vide, mais je ne m'en formalisai pas. Le gardien avait dû prendre sa pause pour aller boire un café ou fumer une cigarette. Je posai donc le dossier sur le bureau et tournai les talons pour retourner à l'étage m'occuper des patients. La porte claqua violemment, et je crus d'abord à un courant d'air. Mais normalement, lorsqu'il s'agit d'un simple courant d'air, vous n'avez qu'à tourner la poignée pour ouvrir la porte... Sauf que dans mon cas, la porte ne s'ouvrait pas, la poignée refusait même de tourner. Naturellement, je ne pensai pas tout de suite au surnaturel et commençai à m'acharner sur la porte en jurant. Même un médecin n'apprécie pas forcément de se retrouver enfermé dans une pièce remplie de cadavres. Si encore cela n'avait été qu'un simple problème de porte... J'aurais attendu que le gardien de la morgue revienne (ce que je ne savais pas, c'est que le pauvre homme partageait déjà un casier métallique avec un mort). Sauf que ce n'était pas un simple problème de porte. Les casiers commencèrent à grincer et à claquer, ce qui n'était pas pour me rassurer. Ce n'était cependant pas le pire. Les instruments chirurgicaux posés sur la table d'autopsie se mirent à voler dans tous les sens, et je les évitai comme je pus. Là, je paniquai. Hurler ne servait certainement à rien, mais je monopolisai tout de même mes cordes vocales. Cela ne plus pas à mon... agresseur. Ayant eu l'impression d'avoir entendu une voix je me retournai, pour faire face à... je ne savais pas à quoi je faisais face. On aurait dit un patient, mort plusieurs semaines auparavant. Sauf que je ne croyais pas aux fantômes, j'étais trop rationnelle pour cela. Néanmoins... Qu'est-ce que cela pouvait bien être d'autre ? Je restai pétrifiée un moment, incrédule, avant de me remettre à hurler de plus belle lorsque la chose commença à parler pour m'accuser de tous ses maux.
« C'est ta faute. C'est à cause de toi si je suis mort. »Non, non, non, ce n'était pas possible. J'étais en train d'halluciner, je devenais folle.
« Tu aurais dû me sauver. TU AURAIS DU ME SAUVER. » De toute évidence je ne l'avais pas fait ? Je ne pouvais pas sauver tout le monde et pourtant Dieu savait à quel point j'essayais... J'avais fait tout mon possible pour empêcher cet homme de succomber à un AVC. Et j'allais mourir (non à ce stade là je ne me faisais plus d'illusions) pour ça ? Tuée par un revenant (tu parles d'une première expérience avec le surnaturel !) vengeur ? J'aurais pu imaginer un millier de façons de mourir et celle ci ne me serait même pas passée par l'esprit. Surprise, Cassandra ! Comme j'étais une battante, je m'acharnai sur la porte encore un moment, allant jusqu'à essayer de la faire céder en jetant le fauteuil du bureau dessus. Je rendis les armes quand le dit fauteuil me revint dans la figure et m'envoya m'écraser en plein milieu de la pièce. Dépitée, je me redressai à genoux et enroulai mes bras autour de moi. Je m'étais toujours dit que si je devais mourir jeune j'affronterai la mort avec courage. Force est de constater que j'étais plus terrifiée et horrifiée que gonflée de courage. Tout ce que je voulais, c'était que cela aille vite. Alors je fermai les yeux et attendis la mort... qui ne vint pas. Merci qui ? Merci Superman.
Ce fantôme avait, si vous voulez mon avis, un humour très cruel. Maintenant que je savais que j'allais y passer, il autorisait la porte à se rouvrir, pour me narguer. Sauf que si moi je n'avais plus la force de me précipiter à l'extérieur de la pièce, quelqu'un avait la force de se précipiter à l'intérieur.
« Hey ! » Par réflexe je rouvris les yeux et tournai la tête vers l'homme qui venait d'entrer. J'osai à peine croire que quelqu'un venait me sauver.
« Attaque-toi plutôt à moi. » Acte très courageux, mais aussi profondément stupide. Évidemment, la créature ne se fit pas prier pour l'envoyer valser à travers la pièce. J'aurais voulu faire quelque chose, mais quoi ? Je ne pus même pas me relever de moi-même. Moi qui croyais que les fantômes étaient forcément des êtres immatériels, je revis mes connaissances à la hausse lorsque celui qui me faisait face m'attrapa par la gorge pour me soulever du sol. À ce moment là, ma petite vie minable défila enfin devant mes yeux. Mais ce petit diaporama pathétique fut interrompu par un coup de feu et je retombai lourdement au sol. Le temps que je reprenne mes esprits, le fantôme avait disparu, chassé par mon mystérieux sauveur. Lorsque je relevai les yeux pour regarder autour de moi, je vis qu'il avait versé ce qui semblait être du sel partout le long des murs. Alors il suffisait de saler un fantôme pour le faire disparaître ? J'allai commander plusieurs caisses de sel pour chez moi dans ce cas... Après avoir pris une profonde inspiration, je posai les yeux sur l'homme qui venait de me sauver la vie. Je ne me rappelais même pas l'avoir rencontré un peu plus tôt dans la journée...
« Vous saignez. » J'ignorais si j'avais remarqué qu'il était blessé parce que je m'inquiétais pour lui ou parce que j'étais simplement médecin. Lui ne semblait pas bien inquiet. Oui, il avait certainement vu bien pire s'il passait son temps à traquer ce genre de... choses. Il vint s'accroupir à côté de moi, mais je ne relevai même pas les yeux vers lui. Je fixai le mur, encore en état de choc. Je m'attendais presque à me réveiller en sursaut chez moi. Mais il fallait se rendre à l'évidence : je n'avais pas fait de cauchemar.
Je finis par me relever très brusquement. Quitter cette pièce, je voulais quitter cette pièce. Sauf que... Malgré mon envie pressante de fuir, je n'y parvins pas. Ce fut comme si une chape de plomb me tombait dessus tout à coup. Ou plutôt, le contrecoup de ces événements surnaturels. Je me réveillai un moment plus tard dans les bras de mon sauveur, et par réflexe, je lui collai tout simplement une claque. Mauvais réflexe, très mauvais réflexe. D'autant plus que j'étais du genre à cogner fort. Le ridicule de la situation et la mine choquée de mon sauveur m'achevèrent, et je finis par éclater de rire, totalement à bout de nerfs. J'aurais pu dire merci, mais non, je l'avais giflé. Il me fallut un bon moment pour me calmer. Quand j'eus terminé de rire comme une idiote, il (j'appris qu'il s'appelait Max-Milliän) me proposa de me ramener chez moi et j'acceptai, ayant bien mérité d'écourter ma garde de nuit. Dans la voiture, je recommençai à trembler comme une feuille. Je ne parvenais pas à croire ce qu'il venait de m'arriver. Je ne parvenais pas à croire que cette chose n'était pas la plus dangereuse au monde, qu'il y en avait d'autres. Mon monde s'effondrait, je me retrouvais projetée dans un film d'horreur où les fantômes, les vampires et les loup-garous existaient pour de bon. La seule chose qui me "rassurait" c'était de savoir qu'il y avait des gens assez courageux (ou assez fous) pour s'occuper de renvoyer tout ce beau monde en enfer. Je me demandais comment j'allais pouvoir réapprendre à vivre en sachant tout cela. Je ne voulais pas devenir complètement paranoïaque. Max-Milliän me dit que tout irait bien, que je m'y habituerais. Il y avait quelque chose dans sa voix qui me poussait à lui faire confiance. Il serait certainement parti bien vite après cela, hélas... Enfin, c'était ce que je croyais. A ma plus grande surprise, il est resté. Au début, je croyais qu'il voulait simplement s'assurer que j'allais bien, que je ne devenais pas totalement folle. Mais il y avait autre chose... Il ne me fallut pas plus de quelques jours pour mettre le doigt sur ce quelque chose. Et là, je compris autre chose : on peut faire le métier le plus dangereux du monde et être un dragueur totalement pathétique.
« Juste un verre. Pendant votre pause. » « Je ne bois pas. » « Alors un café ? Juste un café, après je vous laisse tranquille, promis ! » Évidemment, je savais que Max-Milliän ne me laisserait pas tranquille. Mais je pensais que si j'acceptais d'aller boire un café avec lui, j'aurais la paix au moins un moment (quelle naïveté !). « Bon, d'accord. Juste un café. Je termine ma garde à vingt-deux heures. » Vous auriez vu sa tête quand j'ai accepté... Vous voyez le petit chiot labrador qui voit sa première balle ? Eh bien ça résume. Au cours de cette journée, je n'y pensais plus, l'esprit accaparé par mes patients. Ce n'est que lorsque je me retrouvais à me changer au vestiaire que je me souvins que j'avais un rendez-vous. Autant dire que je n'étais pas fraiche comme une fleur. Non, après une garde de trente heures j'avais les cheveux défaits, des cernes jusqu'au nez et l'air hagard. Pas très séduisant. Mais peut-être que cela le calmerait. Le fantasme du médecin, sorti de son contexte, ce n'est peut-être plus aussi excitant (naïveté le retour). Je fus donc assez étonnée de le voir afficher un sourire radieux lorsque je le retrouvai au café du coin. Je dois bien avouer que sa façon de me regarder me troublait. Il ne me regardait pas comme si j'étais un morceau de viande, au contraire de mes nombreux collègues, mais comme si j'étais un ange tombé du ciel. J'étais tellement gênée que je passai toute la soirée à regarder mes pieds ou mon café. Et je parlai très peu, comme si j'étais impressionnée, ce qui ne me ressemblait pourtant pas. Et lui il parlait pour deux. Il parlait de tout et n'importe quoi, pour combler les vides. Et moi je l'écoutais sans rien dire. Les rares fois où je relevais les yeux, je manquais de renverser mon café. Je me sentais tout à coup comme une adolescente enamourée d'un garçon plus vieux et cela me donnait envie de me jeter par la fenêtre (ou sur lui, mais cette pensée ci je la refoulais dans un coin de mon esprit). Au bout d'un moment, il me proposa de me raccompagner chez moi et j'acceptai. Il parlait toujours. Il parlait tellement que je perdis le fil et ne compris plus rien. Je me contentais de hocher la tête avec un sourire. Même devant ma porte il continuait à parler. Et je me demandais s'il allait me parler comme ça toute la nuit ou si il avait un bouton off. Puis j'eus l'illumination. C'était un homme, bien sûr qu'il avait un bouton off ! Après avoir levé les yeux au ciel, je l'embrassai (sur la joue). Il s'arrêta net, pour me regarder avec un air de poisson rouge choqué. Je ne sais pas combien de temps il est resté là, devant ma porte, après que je sois rentrée chez moi.
Comme on s'en doute, le lendemain Max-Milliän revint me voir à l'hôpital, pour me proposer un second rendez-vous. Au restaurant cette fois ci. Un malheureux baiser sur la joue et il voulait déjà passer à la vitesse supérieure. Or cette fois, j'acceptai avec beaucoup moins d'hésitation. Mais je voulais faire les choses bien, enfin mieux. Là, pas question d'attendre la fin de ma garde pour ensuite débarquer en mode zombie au café. Je préférais attendre mon jour de repos pour notre rendez-vous (car c'était bien de cela qu'il s'agissait, je ne me faisais plus d'illusions). Nous étions mardi, et j'étais de repos le samedi. S'il fut déçu de ne pas pouvoir me kidnapper le soir même, la perspective d'une soirée entière avec moi lui plut. Je consentis à lui donner mon numéro, en me disant que je pourrais toujours en changer s'il abusait. Il dut comprendre, car il fut relativement sage. Pour moi la semaine passa rapidement, car à cause d'un accident impliquant un bus, l'hôpital fut presque rempli. Néanmoins, j'angoissais un peu plus à mesure que le jour J se rapprochait. Je n'avais pas du tout l'habitude des rendez-vous galants, alors avec un homme qui s'avérait être un chasseur de fantômes... Je ne savais pas vraiment de quoi nous allions parler (oui cette fois ci j'avais l'intention d'ouvrir la bouche). S'il me parlait de fantômes, je ne comprendrais rien, et lui n'avait certainement pas envie que je lui explique comment transplanter un cœur. La pluie et le beau temps semblait un sujet parfait tout à coup. Alors quand Max-Milliän vint me chercher chez moi, j'avais soigneusement étudié les bulletins météo de la première semaine. Inutile de dire que ce ne me fut pas très utile... Au restaurant, je me tenais droite comme un I sur ma chaise. Il ne parla pas tant ce soir là. Alors à chaque silence, je me demandais si j'avais bien fait de choisir cette robe, si elle n'était pas trop décolletée, si je n'en faisais pas trop... Je finis par me dire que cela devait aller, puisqu'il me regarda dans les yeux toute la soirée (ou alors, je ne remarquai pas ses débordements).
Malgré mon inconfort, la soirée se déroula parfaitement, du moins au début. Je finis par me détendre et je me laissai même aller à quelques confidences. Finalement, il n'était pas si mal, malgré sa tendance à se comporter comme un pseudo super-héros et très, très mauvais dragueur. Mais comme c'était mignon, je me disais que je pourrais certainement m'y habituer s'il voulait encore me revoir après ce second rendez-vous. Nous étions très différents l'un de l'autre, mais en fin de compte, j'arrivais de mieux en mieux à envisager... quelque chose avec lui. Je ne comprenais pas vraiment ce qu'il m'arrivait, car je n'avais jamais ressenti quoi que ce soit de ce genre pour personne. Je n'étais pas une grande romantique et je ne croyais pas du tout au coup de foudre. Je n'étais même pas certaine de croire en l'amour. À ce sujet, je m'étais toujours contentée de croire en cette histoire de chimie et d'attirance purement et exclusivement destinée à la création de nouveaux êtres. Point. Alors j'étais perdue. Parce que mes hormones semblaient s'amuser à faire les montagnes russes. Et le pire dans tout ça, c'est que je ne trouvais rien pour expliquer les battements désordonnés de mon cœur. Pourtant, j'aurais dû savoir. Mais ce n'était pas le cas, je nageais dans le flou et j'avais soudain très peur de voir Max-Milliän disparaître de ma vie. Pourtant, plutôt que de lui avouer mes craintes, je me contentai de manger mon dessert en priant pour ne pas m'étouffer à chaque cuillère. Je ne savais pas comment la soirée allait se finir, même si j'avais une petite idée. Rien que d'y penser j'étais au bord de la crise cardiaque. Alors quand mon téléphone sonna, je sursautai et manquai de tomber de ma chaise.
« Allô ? » Ma voix tremblait tellement que je ne savais pas si je serais en mesure de tenir une conversation.
« Docteur Keegan, c'est l'hôpital. Je sais bien que c'est votre jour de repos, mais nous avons besoin de vous en urgence. Un patient nécessite une opération urgente et vous êtes la seule en mesure de la faire. » J'eus l'impression de m'être pris un coup de raquette de tennis dans la figure. Ce n'était vraiment pas le moment de m'interrompre dans mes fantasmes. Je soupirai donc.
« Préparez tout, je suis là dans dix minutes. » Je n'étais pas la seule à chuter de mon piédestal. Max-Milliän était devenu tout blanc et affichait un air de chien battu.
« Je suis vraiment désolée, il faut vraiment que j'y aille... » Je m'étais levée, une mine d'enterrement collée au visage, avec l'intention de l'embrasser sur la joue pour lui dire au revoir et m'excuser d'avoir ruiné ses espoirs. Je n'avais pas prévu qu'il tournerait la tête au dernier moment. Je me suis sentie rougir jusqu'à la racine de mes cheveux lorsqu'il m'embrassa. Et pendant une seconde, je crus que j'allais (encore) m'évanouir. Au lieu de cela je lui rendis son baiser, pour ensuite partir en courant au sens littéral du terme.
Après avoir fait l'opération je rentrai chez moi, encore toute retournée. Je pensais que quelques heures de sommeil me feraient le plus grand bien, mais ce ne fut pas le cas, je ne parvins pas à fermer l'œil. Ni à me vider l'esprit en étudiant, ce qui était encore une première. J'avais envie de me jeter sur mon téléphone pour appeler Max, mais j'avais peur de passer pour la dernière des imbéciles, ou pour la fille qui change toujours d'avis, puisque j'avais mis un moment à accepter ses avances. Je me trouvais donc bien bête, à attendre que mon téléphone sonne. Bien sûr, cette saleté resta muette, parce que la vraie vie ne ressemble pas à un film hollywoodien. Parfois elle est... mieux ? Quand on frappa à ma porte, je m'attendais à tout sauf à trouver mon rendez-vous de la veille trempé jusqu'aux os à cause de la pluie.
« Depuis quand... Depuis quand est-ce que tu es là ? » « Un moment. » Muette, je le laissai entrer chez moi, sans trop savoir si c'était une bonne idée ou non. Maintenant que je me retrouvais en face de lui, avec lui, je ne savais ni quoi faire ni quoi dire. J'avais l'impression d'aller droit dans le mur, mais d'y foncer avec enthousiasme.
« Tu veux... Tu veux... un café ? Pour te réchauffer ? » Et voilà, je venais de dégainer mon arme ultime. Le café. Le café... Mais qu'est-ce que je pouvais être bête ! C'était bien la première fois que ce genre de chose m'arrivait. Moi, la femme froide et calculatrice, me retrouvais désarmée face à un homme que je connaissais à peine. Pas besoin d'être un génie pour sentir que Max-Milliän était un aimant à problèmes. J'aurais certainement dû refuser de sortir avec lui et pourtant j'étais prête à retenter l'expérience autant de fois qu'il le faudrait. Je me sentais faible, vulnérable, j'avais horreur de ça. Je le haïssais pour avoir réussi à passer aussi facilement au dessus des barrières que je m'acharnais à ériger autour de moi. Et en même temps je lui étais tellement reconnaissante d'avoir su le faire... Je ressentais tellement de sentiments contradictoires que je ne pensais plus correctement. Et j'agissais n'importe comment. Je ne m'étais même pas rendue compte qu'il s'était rapproché de moi, qu'il avait posé ses mains sur mes épaules. Quand je m'en rendis compte, je crus qu'une tonne de plomb m'était tombée dessus. Je me sentais minuscule, insignifiante, sans défense. Comme une enfant qui aurait besoin de protection en permanence. Je n'étais plus la femme que je prétendais être, j'étais moi même. Une pauvre petite chose ayant un besoin vital d'être aimée et d'aimer. Sur le coup, je me fichais de ce que pouvait bien être Max-Milliän. Ce qu'il avait fait, ce qu'il faisait, m'importait peu. La seule chose qui comptait, c'était la façon qu'il avait de me regarder. Il me connaissait à peine mais il me donnait déjà l'impression d'être importante. Ce que personne n'avait jamais fait. Je n'étais plus une espèce de déception ambulante.
« Tu veux que je m'en aille ? » Je fus à peine capable de secouer la tête. J'aurais voulu lui dire que je ne voulais plus jamais qu'il s'en aille, mais j'en fus incapable. Incapable de parler, j'agis mécaniquement. Je me vis m'accrocher à son cou, à ses vêtements. Je me vis me jeter sur ses lèvres, sur son corps, sur lui. Il passa ses bras autour de moi, me serra contre lui et je sus à ce moment que je ne pourrais plus me passer de cet homme là. Il était tout ce dont j'avais besoin. Sa tendresse, sa douceur, agissaient comme un baume sur mon cœur. La première nuit que nous avons passée ensemble fut comme lui, parfaite. Il n'était pas le genre d'homme qui vous séduisait simplement pour se retrouver dans votre lit. Au contraire, il semblait même surpris d'y être arrivé si vite. Surprise, je l'étais aussi, car je n'étais pas femme à laisser n'importe quel homme entrer chez elle et se faufiler dans ses droits. Mais voilà, Max-Milliän n'était pas n'importe quel homme. Chaque nuit passée bien à l'abri du monde entre ses bras me donnait l'impression d'avoir trouvé mon petit coin de paradis dans ce qui semblait être un enfer infini.
Chapter 3 ; I'm so mad at you that I could...
I could marry you ! « Mais tu ne comprends donc pas que je suis terrorisée à l'idée de te perdre ? » Trois mois. J'avais tenu trois mois sans rien lui dire, sans lui faire la moindre réflexion. Pendant trois mois, j'avais pansé ses blessures, sans poser de questions. À chaque fois je m'étais retenue de hurler, de pleurer. Parce qu'à chaque fois, il revenait plus amoché que la fois précédente. J'aurais dû faire une liste de ses blessures. Hématomes, côtes fêlées ou cassées, entorses, griffures (et je ne parle pas de griffures faite par un chaton)... C'était l'horreur à chaque fois. J'avais tellement peur que l'une des créatures qu'il chassait le tue que je n'en dormais plus et commençais à faire des erreurs au travail. D'ordinaire j'étais le médecin le plus efficace du service. Mais depuis que Max était entrée dans ma vie, je ne faisais plus les choses correctement. Cela faillit me couter mon poste. Je m'enfermais parfois dans une salle de repos pour me mettre à pleurer. À lui, je n'avais rien dit parce que je ne voulais pas l'ennuyer. Mais cette fois ci... C'était la fois de trop. Le retrouver en sang, dans l'entrée du salon... Je ne pouvais plus.
« Je fais quoi, moi, le jour où tu es tué par un loup-garou ?! Je pleure toutes les larmes de mon corps et ensuite je me suicide pour te rejoindre, c'est ça ? » J'étais tellement attachée à lui que j'en aurais été capable. Et c'était loin d'être romantique. C'était pathétique. Et effrayant. Ces mots là n'auraient jamais dû franchir mes lèvres.
« Je ne PEUX PAS te perdre, tu comprends ça, ou il faut que je te frappe jusqu'à ce que tu l'enregistres ?! » J'étais en colère parce que terrifiée. Je pleurais et tremblais de rage. Et lui il me regardait, avec un air choqué et désolé. De toute évidence, j'avais très bien réussi à lui dissimuler mes angoisses. Il ne savait pas à quel point il m'avait fait du mal, à revenir presque tous les soirs amochés. Parfois je n'osais même pas le toucher parce que je savais qu'il souffrait le martyre même s'il n'osait rien dire. J'étais médecin, le coup du soldat qui ne ressentait rien, il ne me le ferait pas ! Est-ce qu'il savait seulement que je volais l'hôpital pour soigner ses blessures ? Non, bien sûr que non !
« Je veux que ça s'arrête, tu comprends ? » Il restait silencieux, à regarder ses pieds pendant que je l'incendiais. J'essuyai mes yeux humides avec ma manche, en jurant. J'allai m'asseoir sur le canapé et me recroquevillai sur moi-même, l'air boudeur.
« Est-ce que tu veux m'épouser ? » Folle de rage, je relevai la tête vers lui.
« Arrête de te moquer de moi ou je te jure que je t'en colle une ! » Mais il ne riait pas, il ne souriait même pas, il me fixait juste avec intensité.
« Je ne plaisantais pas. » Alors messieurs, si vous ne savez pas comment faire taire votre petite-amie en colère, c'est une solution efficace.
« Toi, moi, un prêtre, une église et nous voilà mariés pour l'éternité. »Lui, moi, un prêtre, une église et me voilà la bague au doigt. Malgré tout, j'avais dit oui. Parce qu'il m'avait promis qu'il ferait attention, il m'avait promis qu'il ne reviendrait plus en miettes à la maison. J'avais tellement envie de le croire que j'ai dit oui. Je n'ai pas regretté. Pas tout de suite. Je n'aurais pas pu rêver d'un mariage plus parfait. Il n'y avait que lui et moi, c'était un mariage à notre image. Pendant quelques semaines, tout fut parfait. Il était toujours à la maison quand je rentrais, toujours aux petits soins pour moi après mes longues gardes à l'hôpital. C'était comme si j'avais épousé un ange. C'est bien trop tard que je compris que mon ange avait ses propres démons. Des démons que même moi je ne pouvais pas combattre.
Chapter 4 ; I'm so sorry I have to break your heart... Six mois, c'est long. Six mois, cela vous laisse le temps de vous projeter dans l'avenir, de vous faire de jolies illusions... Pendant ces six mois durant lesquels Max-Milliän et moi avons été mariés et "ensemble", je me suis autorisée à envisager un véritable avenir avec lui. Avant lui, j'avais toujours dit que je n'aurais jamais d'enfants. La maternité, très peu pour moi. Mais si
lui m'avait dit qu'il voulait un enfant, ou plusieurs, je lui aurais certainement dit oui. J'aurais certainement fait n'importe quoi pour lui, pour le rendre heureux. Je savais qu'avant moi, avant nous, avant tout cela, il n'avait pas eu la vie facile. Je voulais tellement construire quelque chose avec lui que j'ai fermé les yeux sur énormément de choses. Des choses graves, des choses importantes.
J'ai essayé de faire comme si je n'avais pas vu qu'il avait repris la chasse avec autant d'inconscience qu'avant. Il faut dire qu'il avait compris que je ne supportais plus de le voir rentrer chez nous en morceaux. Alors il avait commencé à essayer de se soigner lui même, pensant certainement que je n'y voyais que du feu. Je faisais juste semblant... Parce que je voulais encore croire qu'il pouvait changer. Je priais tous les jours pour qu'il change, pour qu'il arrête. Je me moquais qu'il fasse un petit travail minable, je me moquais qu'il ne travaille pas, du moment qu'il ne prenait pas le risque de mourir chaque jour. Encore et encore, j'essayais de rester forte, patiente. Devant lui je ne disais rien, je ne pleurais pas non plus. Mais il devait savoir. Il me connaissait aussi bien que je le connaissais. Alors pourquoi ne faisait-il rien ? Notre couple semblait avoir touché le fond et lui, il s'acharnait à creuser. J'en arrivais à un stade où j'étais complètement paranoïaque. Je paniquais presque systématiquement dès avait cinq minutes de retard. Puis dès qu'il n'était pas en face de moi. Je pleurais toutes les nuits en silence jusqu'à m'endormir d'épuisement et le repoussais à chaque fois qu'il essayait de me prendre dans ses bras pour me rassurer. Je commençais même à cesser de m'alimenter correctement. J'avais beau l'aimer de tout mon cœur et de toutes mes forces, il me détruisait complètement et continuait à s'éloigner de l'homme dont j'étais tombée amoureuse.
Alors un jour, j'ai pris une décision.
« Il faut que tu t'en ailles. » C'était une nuit, il devait être trois ou quatre heures du matin. Je ne dormais pas, et lui non plus. Il n'a rien dit. Je m'étais attendu à des cris, des hurlements de protestation, des monologues passionnés où il essaierait de se justifier... Mais il ne dit rien. Pas un mot. Je l'ai laissé me serrer dans ses bras une dernière fois, puis recroquevillée dans nos draps, j'ai attendu qu'il s'en aille. C'est à peine s'il a pris le temps de se rhabiller et de prendre des affaires avant de partir. Je ne savais pas où il allait, je ne voulais pas le savoir. La porte a claqué et je suis restée totalement inerte dans le lit, avant d'enfin m'autoriser à pleurer comme j'aurais dû pleurer depuis le début. À chaudes larmes, secouées par d'énormes sanglots. Il fallait que j'évacue. J'ai pleuré, pleuré, jusqu'à m'en rendre physiquement malade. Plusieurs fois je manquai de me lever pour courir après lui et le supplier de revenir. Je résistai, seulement parce que je savais pertinemment que cela n'arrangerait rien. Nous ne pouvions plus vivre ensemble, ce n'était plus possible. Il me détruisait totalement et ce n'était plus tolérable. Je serais mieux sans lui. Juste le temps que les choses s'arrangent, qu'il prenne conscience des choses... Parce que je ne me faisais pas d'illusions, je serais absolument incapable de vivre définitivement sans lui. Personne ne m'avait fait autant de mal que lui et pourtant, je ne pouvais pas m'en passer. Il était ma drogue. Avec lui, je me sentais comme l'un de ces drogués qui font une crise s'ils n'ont pas leur dose.
Après un mois sans lui, est-ce que je me sentais mieux ? La réponse est non, bien évidemment. C'est presque pire. Parce que je ne le vois pas vraiment, je ne peux même pas profiter de ces tous petits moments agréables que nous partagions malgré tout. D'autant plus que dans une ville comme Collinston, il est impossible de ne pas le croiser. De ne pas avoir envie de lui sauter au cou. Il cherche parfois à me revoir, mais je n'ai de cesse de le repousser. Je ne suis pas guérie de lui et de ce qu'il m'a fait. Je ne suis plus celle que j'étais, et je ne le redeviendrai certainement jamais. Le pire, c'est que je ne suis même pas capable de lui en vouloir. Je devrais le détester, le haïr, mais je ne peux pas, parce que je sais qu'il n'a jamais voulu me faire du mal, au contraire. Dommage, c'est trop tard. Maintenant c'est moi qui culpabilise, car je sais que je lui ai brisé le cœur en lui demandant de s'en aller. J'ai l'impression d'avoir été égoïste, de l'avoir sacrifié lui pour pour que moi je puisse aller mieux.
Alors franchement, que Collinston se remplisse de fantômes, de loup-garous, de vampires ou de je ne sais quoi d'autre, c'est le cadet de mes soucis. Je ne m'étonne pas de voir les morts revenir à la vie. Non, je m'étonne d'être encore en vie et d'avoir résisté à l'envie de me jeter sous un train.