Louisa poussa le chariot dans la réserve. Elle venait de ranger les quelques livres qui traînassaient sur les quelques tables de la minuscule bibliothèque. Sa vie depuis deux ans était tellement différente de celle qu’elle avait toujours eue. Collinston était une ville calme, même si depuis six mois, on pouvait entendre les commères jaser à chaque coin de rue. Ça en était limite usant. Mais la jeune femme ne se préoccupait guère de tout cela. Ils avaient raison de jaser de la sorte, sans pour autant réellement comprendre ce qui se passait. Louisa elle-même n’était pas tout à fait sûre de le savoir. Elle jeta un regard à la pendule. Il était presque treize heures. Elle avait tout juste une heure pour déjeuner. Sauf qu’elle n’en avait pas la moindre envie. Elle n’avait absolument pas faim. Ce n’était pas raisonnable et elle le savait pertinemment. Mais elle n’était pas faible ou anémiée ou quoi que ce soit d’autre. L’adrénaline, la rage, la colère la maintenaient en forme. Elle quitta néanmoins la bibliothèque d’un pas las. Il était clair que ce n’était pas son travail officiel qui la maintenait éveillée. C’était d’un ennui… Toutefois, elle ne se gênait pas le moins du monde pour profiter de tout ce qu’elle avait à proximité. Une petite ville comme Collinston avait de précieux trésors sur son histoire. Même si cela n’était pas aussi détaillé que les archives personnelles des vieilles familles, elle avait tout de même pu apprendre un certain nombre de choses. Qui, présentement, ne l’aidaient pas nécessairement, mais peu importait, au final.
Lorsqu’elle arriva devant le Starbuck, sa seule envie fut de tourner les talons pour rentrer chez elle. Mais la petite odeur de pâtisseries fraîchement sorties du four attisa la gourmande qui dormait en elle. Louisa poussa la porte, regrettant déjà sa folie, alors qu’elle n’avait pourtant encore rien pris. La jeune femme resta un long moment plantée devant la vitrine. Elle savait déjà qu’elle allait boire un moka au chocolat blanc. Mais manger, elle hésitait entre à peu près tout ce qu’il y avait. Elle se décida finalement pour un cheese cake aux fruits rouges et un cookie aux deux chocolats. Prenant son plateau, elle se dirigea vers une table au fond de la boutique. Elle souhaitait seulement être tranquille. La porte s’ouvrit et un homme pénétra dans le café. Louisa ne lui prêta guère attention, trop occupée à picorer ses viennoiseries. La voix lui rappela très vaguement quelqu’un, mais c’était si lointain qu’elle ne daigna pas le regarder outre mesure. Jusqu’à ce qu’elle l’entende faire du charme à la serveuse. Cette fois ci, le souvenir n’était plus vague. Il était très net même. Elle l’entendait encore lui reprocher de ne pas être assez prudente, qu’elle avait encore la vie devant elle, même si la douleur était trop forte. La douleur était toujours forte, mais Louisa avait appris à vivre avec. Souvent, elle s’en voulait de ne plus autant souffrir de son absence. Mais elle n’avait jamais été du genre à s’apitoyer.
Il acheva sa commande, sans pour autant cesser de franchement draguer la serveuse. Lou ne put s’empêcher de lâcher un ricanement ouvertement moqueur. Quelque part, elle était soulagée de savoir que Dean Winchester, le seul et l’unique, était finalement toujours vivant, et qu’il restait égal à lui-même. Elle croisa son regard, qui semblait quelque peu surpris. Elle non plus ne se serait pas attendue à le voir dans ce petit bled paumé au fin fond de la Louisiane. Elle lui montra la chaise en face d’elle d’un signe de la main et attendit qu’il veuille bien se joindre à elle.

louisa delacroix & dean winchester♪♫♬

La pause déjeuné était une chose dont Dean n’avait jamais pu se passer. Il était comme ça, comme tous les autres être humains après tout, il avait besoin de manger pour exister, tout comme une voiture avait besoin de carburant pour rouler. Si bien qu’à l’heure du déjeuné, il n’hésita pas une seule seconde à laisser de côté les recherches qu’il avait entamées plus tôt pour se rendre au fast-food le plus proche, oui parce qu’en plus d’avoir un besoin fou de manger, il était hors de question qu’il manque autre chose qu’un sandwich bien gras. Il ignorait où était son frère cadet pour le moment, comme souvent, ils s’étaient séparés quelques heures plus tôt. Ils se retrouveraient dans quelques heures au motel, comme c’était prévu, pour l’heure il ne s’inquiétait que de son estomac gargouillant à l’idée d’un délicieux hamburger. Maintenant qu’il était de nouveau en vie, il n’avait de toute évidence pas prit la bonne résolution de manger sainement, ni même d’épargner son foie tout neuf de quelques verres d’alcools. Il n’y avait de toute évidence à ses yeux, pas de meilleurs repas qu’un hamburger accompagné d’une bonne bière. Ça, ça faisait parti des petits plaisir simples de la vie que pour une raison qui lui était encore inconnue, il lui était permit de savourer à nouveau. Pendant tout ce temps qu’il avait passé en enfer, il aurait presque pu rêver d’un repas pareil, léger soulagement à tout ce qu’il avait pu endurer là-bas. Malheureusement en enfer il n’y a pas de fast-food, ni de restaurant de toute façon. L’enfer c’était à proprement dit, l’enfer. Son déjeuné engloutit, il s’attarda quelques minutes dans le fast-food, comme pour digérer, avant de se lever enfin, presque décidé à reprendre ses recherches là où ils les avaient laissées. De toute évidence, il n’avait rien de mieux à faire, si ce n’est peut-être, s’apitoyer sur son sort tout seul dans son coin, chose qu’il préférait éviter, quitte à se sentir obligé de faire des recherches pour se libérer l’esprits des sombres souvenirs qu’il gardait de l’enfer, ne serait-ce qu’un court instant. Finalement, comme si son inconscient voulait le pousser à les fuir ces fameuses recherches, il s’arrêta devant l’enseigne du Starbuck, soudainement tenté par un bon café noir et une part de cheescake. Il franchit le seuil de la boutique oubliant complètement ce qu’il était censé faire à l’heure actuelle et sans doute aussi son frère qui lui devait, probablement, faire correctement sa part de recherches. En même temps lui, il n’avait pas été privé de cheescake pendant les quatre mois, voir même aux yeux de Dean, les quarante dernières années. Il avait du temps à rattraper, alors ça méritait bien ce genre de break. Ce qu’il avait subit la bas, ça méritait de toute évidence, toutes les parts de tartes du monde, faible dédommagement face à la douleur subie là-bas. En même temps, il fallait l’avouer, il était le seul responsable de ce qui lui était arrivé. Mais il ne regrettait pas d’avoir vendue son âme pour sauver la vie de son frère et si c’était à refaire, il le referait sans la moindre hésitation et il était sûr que si ça avait été le contraire, il aurait fait exactement la même chose que lui. Comme l’avait fait leur père quelques temps plus tôt. Stupide entraide profondément ancrée dans les gènes Winchester.

Quoi qu’il en soit arrivé face à la serveuse, il passa sa commande, ne pouvant s’empêcher de lui adresser de larges sourires. Méthode de drague à la Dean Winchester qui marchait toujours, ou presque. Quelques phrases balancées par ci par là pour la flatter et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, elle lui inscrivit son numéro de téléphone sur une serviette. Finalement, il arrivait à obtenir des renseignements plutôt utiles, même dans ce Starbuck, plus utiles que le peu de chose qu’il avait réussit à trouver après une matinée entière passée à la bibliothèque. Son plateau en main, il tourna sur ses talons pour trouver une table où s’assoir, ce n’était pas l’heure idéale pour squatter dans un café de toute évidence. En s’avançant davantage dans la salle il fut intrigué par une jeune femme aux longs cheveux bruns qui n’était pas sans évoquer dans sa tête bien des souvenirs. Il resta quelques secondes à l’observer sans bouger avant de croiser son regard. C’était bien elle, la fille de ses souvenir. L’intrépide et quelque peu stupide, Louisa Delacroix. Une longue histoire de chasses et de risques encourus pour pas grande chose. Il restait persuadé encore aujourd’hui elle avait un comportement bien stupide quand elle chassait, limite suicidaire. Avec encore plus de recul que la fois précédente, il trouvait ça bien idiot de foncer dans la gueule du loup tête baissée comme elle le faisait. Risquer sa vie pour quoi au final ? Finir au fin fond de l’enfer à se faire torturer encore et encore ? Il avait bien peur que ce soit le sort réservé aux chasseurs, comme une vengeance de la part des démons. De toute façon, même si un ange était sorti de nulle part pour le sortir des griffes de l’enfer, il doutait de l’existence du paradis, ce qui laissait l’enfer et l’errance sur terre en temps qu’esprit. Finalement, la mort n’était pas une chose reposante alors il était plus sage de faire attention à sa vie. Quoi qu’il n’ait pas l’expérience nécessaire pour savoir ce qu’il y avait après chaque mort, il n’était mort qu’une seule fois après tout, ce qui logiquement était la moyenne mondiale. Bref, il lui adressa un léger sourire avant de venir s’asseoir sur la chaise qu’elle venait de lui désigner. « Louisa Delacroix, si je m’attendais à te croiser ici ! » Collinston était plutôt du genre ville miniature paumée au beau milieu de la Louisiane alors la croiser ici était un grand hasard auquel il ne s’était pas attendu. La ville avait beau être bizarre, les chasseurs avaient peut-être mieux à faire que de venir se perdre dans ce coin paumé, lui-même il aurait bien aimé aller ailleurs, profiter de son retour sur terre dans une ville un peu moins chiante que celle-ci, n’aurait pas été plus mal. Mais bon, maintenant qu’ils étaient là, autant y rester encore un peu au moins pour découvrir quel était le problème de cette petite cambrousse. « Qu’est-ce que tu fais dans le coin ? » Question qu’elle aurait très bien pu lui retourner puisque de toute évidence, il n’avait pas plus sa place qu’elle dans ce café. Il l’avait même moins, puisqu'il était encore censé être au fin fond de l’enfer. De toute évidence, la vie réserve parfois des surprises bien étranges et aucun doute ces retrouvailles en était une.

Louisa ne put s’empêcher de sourire devant le petit manège de Dean. Il était tellement cliché parfois. Souvent même, spécialement quand il s’agissait des femmes. Elle qui avait toujours cru que ce genre de mecs n’existait que dans les films. Elle qui n’avait, au final, réellement connu que Remy. Alors que Dean, lui, n’avait pas connu qu’une seule femme. Visiblement, ce n’était pas concevable pour lui de n’offrir ses largesses qu’à une seule d’entre elles. Elle vit la surprise dans son regard lorsqu’il la reconnut. Ils n’avaient jamais été amis, ne s’entendaient même pas si bien que ça. Ils s’appréciaient tout juste. Alors que son jeune frère était bien plus agréable, dans les sens du terme. Néanmoins, Dean avait le seul à vraiment comprendre ce qu’elle ressentait quand son mari était mort. C’était pourtant Sam qui avait perdu sa compagne. Mais il enfouissait tout, n’en parlant jamais, alors que Dean, sous ses airs de gros dur, pouvait se montrer capable de se livrer. Dans la limite du raisonnable, bien entendu. Quelque part, on pouvait presque dire qu’il l’avait sauvée. Elle avait mal, elle souffrait, elle n’avait même plus envie de vivre. Et le mourant qu’il était à ce moment là lui avait ordonné de profiter de tout ce que la vie avait encore à lui offrir, parce que contrairement à ce qu’elle pensait, la vie pouvait encore être belle pour elle. Elle n’arrivait juste pas à s’en rendre compte. Il n’avait pas eu totalement raison, mais pas franchement tort non plus. Remy n’aurait pas voulu ça et Dean le savait. Au fond, Louisa elle-même le savait aussi. La vie n’avait pas été tellement extraordinaire depuis deux ans, mais elle se serait attendue à bien pire.

« Dean Winchester le mort vivant ! Je pourrais te dire la même chose ! »

Elle le regarda s’installer face à elle. Elle se mordit la lèvre pour ne pas se moquer de lui. Il faisait tellement le crooner. S’il avait été son genre, elle aurait presque pu le trouver mignon. Presque. Sauf qu’il n’était absolument pas son genre. Elle but une gorgée de son café, avant de grignoter un morceau de cookies.

« J’ai suivi ton conseil. » La jeune femme sourit devant l’incompréhension du chasseur. « J’ai continué à vivre. Je suis prudente quand je chasse. J’ai quitté la Nouvelle Orléans parce que je ne pouvais plus rester là bas… »

Elle déglutit. Il n’avait pas besoin de connaître les détails. Il les connaissait déjà de toute façon. Elle ne voulait pas s’apitoyer, elle ne voulait pas qu’il la plaigne. Quand bien même, il n’était pas certain qu’il le fasse.

« Le pire, c’est que je ne voulais même pas continuer. Tout ça. Je suis venue ici parce que c’est un bled paumé. Je ne suis pas naïve, je sais qu’il y a un peu partout de la merde. Mais je me suis dit qu’ici, il y en aurait moins. C’était le cas. Jusqu’à ce que ce type revienne subitement d’entre les morts. Je l’avais croisé une fois ou deux avant, et je l’ai recroisé depuis. Il n’a pas l’air changé, pourtant il a quelque chose de… Dérangeant. » Mais peu importait. « Mais avant toute chose, parle moi de toi. La dernière fois que je t’ai vu, tu m’as passé le pire savon de toute ma vie. En ajoutant à la fin que tu n’en avais plus pour très longtemps. Deux ans sont passés, et tu n’as pas l’air mort. Tu n’as même pas l’air d’être un fantôme. Quel est ton secret ? J’imagine que ça doit être profondément dégueulasse, je me trompe ? »

louisa delacroix & dean winchester♪♫♬

Louisa à Collinston. Drôle de rencontre. Elle était là en face de lui, comme elle l’avait été deux ans plus tôt. La dernière fois qu’il l’avait vue, avant tout ce qui lui était tombé sur le coin du nez. Des retrouvailles qui le rendez plutôt content dans le fond même si paradoxalement, ça le plongeait dans des souvenirs qu’il préférait oublier. Il était content parce que si elle était là, ça voulait dire qu’elle avait cessé de jouer aux chasseuses kamikaze comme elle le faisait si bien à une époque. Elle avait perdu l’homme de sa vie, elle avait bien des raisons de ne plus faire attention au danger. Il comprenait. Après tout, il était le fou qui avait conclu un pacte pour sauver la vie de son frère cadet. Il était content qu’elle n’ait pas eu l’idée de faire la même chose d’ailleurs. Elle avait survécu à tout ça, c’était sans aucun doute une femme forte et résistance, sinon, elle aurait sans doute prit ses conseils à la légère pour continuer à chasser comme elle le faisait, attendant sans doute le coup de grâce qui lui permettrait d’en finir avec sa propre vie et ainsi se débarrasser de tout le mal qu’elle devait endurer. Elle ne méritait pourtant pas ça, aussi dure pouvait être la vie, il avait la certitude qu’elle devait s’y accrocher parce que c’est ce que son époux aurait voulu. C’était nase de sa part de penser ainsi alors qu’au moment où son frère cadet avait perdu la vie il s’était précipité dans la gueule du loup pour conclure un pacte qui échangeait clairement sa vie contre celle de Sam. Ce n’était pas comparable, lui, il était juste trop faible sans doute pour continuer seul sa route. Ce n’était pas le cas de Louisa, il en avait toujours été persuadé et il avait raison d’avoir cru en elle puisqu’elle était là dans ce café après deux longues années pendant lesquels il n’avait pas eu de nouvelles d’elles, en même temps il avait passé l’une d’elle à chercher un moyen d’échapper à l’enfer et la suivante à brûler dans ses flammes. Dans tout ça, il n’avait pas vraiment eu le temps de prendre des nouvelles. Sa présence lui rappelait aussi ce pacte et tout ce qu’il avait entrainé. Les sombres images qui continuaient encore et encore d’apparaitre à son esprit, ayant le même effet qu’un couteau qu’on ne cesserait de retourner dans une plaie béante. Dès qu’il fermait les yeux, les images revenaient, la douleur semblait encore présente dans chacun de ses muscles tout comme la culpabilité d’avoir osé blesser d’autres comme lui pour échapper à sa propres douleur. Tant de choses qui ne le quittait pas et que l’idée de se pacte ramenait à son esprit même au beau milieu de ce café. Pourtant, comme il le faisait depuis quelques temps avec Sam, il se contenta de sourire à la jeune femme, ignorant les images que son cerveau ne cessait de ressasser. Niant l’évidence en faisant comme si de rien était. « C’est vrai, ma présence ici est plutôt surprenante. Mais tu sais ce qui l’est encore plus ? C’est que je sois aussi bien conservé alors que je suis censé être mort. » C’était un fait, techniquement il était mort un an auparavant et son cadavre avait passé un an à pourrir dans un cercueil au milieu de nulle part. bonne initiative de Sam de ne pas l’avoir cramer comme l’aurait voulu la tradition des chasseurs. Quoi qu’il en soit, pour un cadavre qui avait passé un an à pourrir, il pouvait au moins se vanter d’être très bien conservé. Mieux encore, il n’avait gardé aucune cicatrice que ce soit celles de sa vie passées ou bien celles de l’enfer. Il ne lui restait juste qu’une marque de brûlure imprimée sur le bras, une main bien étrange, symbole de celui qui apparemment l’avait retirer des flammes de l’enfer. Une histoire d’ange bien compliquée à laquelle il n’était même pas sûr de croire tant c’était bizarre. Pourtant, des trucs bizarres, il en avait vu pas mal dans sa vie.

Assis face à la jeune femme, il s’attaqua rapidement à sa part de cheesecake, délicieux plaisir qui lui avait définitivement manqué là bas. Il leva un œil étonné vers elle suite à sa réplique. Écoutant la suite de ses paroles en laissant un léger sourire se dessiner sur ses lèvres. Il n’était pas le genre de type qui faisait la morales aux gens en temps normaux, d’ailleurs, c’était plus à lui qu’il fallait faire la morale souvent. Pourtant, il l’avait faite à Louisa, tentative de lui faire comprendre qu’elle devait vivre, parce qu’elle en avait la chance et que certaines personnes ne pouvait pas se vanter de l’avoir eu aussi longtemps qu’elle, elle avait suivit son conseil et elle était encore là, peut-être grâce à lui. Dernière vie qu’il avait pu sauver avant d’être entrainé dans la mort, c’était plutôt une bonne chose. Délaissant son gâteau il observa la jeune femme avant de lui adresser un nouveau sourire « Je pense que tu as bien fait Louisa, sacrifier bêtement ta vie aurait été une belle erreur. » Il était encore mal placé pour dire ça, quoi que se sacrifier en sauvant son frère lui semblait moins absurde que de se sacrifier sans raison apparente ce qui aurait fini par arriver à Louisa si elle avait continué à prendre de stupides risques pendant qu’elle chassait. Il écouta le reste de ses paroles. Surprit qu’elle ait choisi une ville comme Collinston pour refaire sa vie, à se demander si ce n’était pas plutôt Collinston qui l’avait choisie. Elle lui parla également de ce type mort revenu à la vie, apparemment identique mais dérageant. C’était un bon point qu’il n’avait pas cherché à creuser, quelque chose auquel il allait devoir s’intéresser par la suite, il fallait interroger ses proches pour savoir à quel point il était ‘dérangeant’, ils seront sans doute plus à même de définir s’il est vraiment le même qu’avant. Il pouvait remercier le hasard d’avoir mit Louisa sur sa route aujourd’hui puisqu’elle venait de lui donner une piste à creuser dans cette affaire. Évidement, il fallait qu’elle enchaine sur son cas à lui. C’était inévitable. Elle le pensait mort et il était là, juste en face d’elle. Il y avait de quoi s’interroger, mais il aurait sans doute préféré ce concentrer d’avantage sur ce type revenu à la vie. Il haussa les épaules comme toute réponse à la jeune femme, laissant le silence s’installer entre eux quelques secondes qui lui parurent particulièrement longues. « Je ne sais pas vraiment. J’étais mort, mon âme pourrissait au fond de l’enfer et un beau jour je me suis réveillé dans un cercueil. Je ne sais pas pourquoi ou comment ça s’est passé, mais ça n’a pas l’air bizarre dans cette ville puisque apparemment je suis pas le seul. » Ça n’avait pourtant sans doute aucun rapport, après tout, lui il n’avait rien à voir avec cette ville et à son humble avis, les soit disant anges ne s’amusaient pas à ramener tout le monde dans le monde des vivants et rien ne prédisait que ce type était aussi en enfer avant son retour. Ils étaient de toute évidence deux cas bien à part qui avaient deux explications bien différentes et si Dean préférait se concentrer sur le cas de ce type, il savait très bien que tôt ou tard, il devrait s’interroger d’avantage sur le sien, ne pouvant pas fuir éternellement toutes les vérités liées à l’enfer et à la façon dont il en était sorti.

Louisa sourit. Même en sursis, ou quelque chose du style, il n’en perdait pas son sens de l’humour. « C’est vrai, pour un zombie, tu n’as pas les yeux blanchâtres, des bouts de peau arrachés et du sang qui coule de ta bouche. Tu ne sens même pas la chair putréfiée. » Elle le regarda manger avec appétit sa part de gâteau. « Tu es toujours un morfale. Ça n’a pas changé, ça non plus. » Elle lui fit un sourire triste. Vivre à fond n’était pas non plus une meilleure solution, de son point de vue. Elle vivait parce qu’il le fallait, mais il y avait bien longtemps que le gout n’y était plus. La jeune femme reposa son regard sur Dean. Il était clairement évident qu’il n’avait pas trop envie d’en parler. Il se faisait de douces illusions. Très douces. Elle ne le laisserait pas s’en tirer si facilement. Mais elle regretta presque immédiatement. Elle n’osait imaginer toutes les douleurs, toutes les tortures qu’il avait dû traverser en dessous. Sans parler du fait de se réveiller dans un cercueil. Ce qui devait sans doute être le moins angoissant dans toute cette folle histoire. Sans parler du fait qu’il était dans un cercueil, pas réduit à l’état de cendres. Qu’avait donc fait Sam ? Sans nul doute valait il mieux l’ignorer pour l’instant. « Oh mon dieu, Dean, je… » Elle déglutit, se reprenant. « Non, effectivement, même si je ne suis pas convaincue qu’il ait subi les mêmes choses que toi. » Elle haussa brièvement les épaules. Il n’avait pas cette lueur étrange, torturée, dans le regard comme Dean avait dans le sien. « Cet homme… Il n’est pas possédé, ce n’est pas un démon. Mais il a quelque chose de… Pas net. Je ne saurais pas dire quoi, mais je sais qu’il me fait… Peur. » Et pour que Louisa Delacroix ait peur de quelque chose, il fallait vraiment que ce quelque chose soit inquiétant. « Les membres de sa famille n’ont pas l’air d’être plus inquiet ou dérangé que ça. Je ne sais pas si c’est très révélateur. »

Elle fit une pause, prenant une gorgée de son café. « Et Sam ? Comment va-t-il ? » Peut être que Dean se serait douté de quelque chose en ce qui concernait son retour parmi les vivants ? Qui d’autre aurait pu le ramener, si ce n’était son frère ? « Tu vas sans doute trouver ma question déplacée mais… Pourquoi ne t’a-t-il pas brûlé ? Tu sais, j’ai longtemps songé à… Ce que j’aurais fait si Remy n’avait pas été incinéré. Je ne voulais pas, je pensais qu’il y avait encore une chance. Je savais bien qu’un pacte n’était pas la meilleure des idées. Si Tyler n’avait pas été là… » Elle lâcha un petit rire nerveux. « Sa mort était tout ce qu’il y a de naturel pourtant. Il y avait le feu, des personnes étaient coincées. Il était du genre téméraire, voire kamikaze même, et il est allé à l’endroit où il ne fallait pas. Le sol s’est effondré sous ses pieds. A l’hôpital, les autres pompiers m’ont dit qu’il n’avait pas souffert… Mais ils m’ont empêché de le voir. » Elle essuya une larme qui menaçait de rouler sur sa joue. « Ils ont tort. J’ai l’impression de ne pas avoir vraiment pu faire mon deuil. » Elle lui sourit. « Je ne sais même pas pourquoi je te raconte tout ça. Je suis… Stupide parfois. » Elle regarda la pendule. Elle était déjà presque en retard. Mais pouvait on réellement être en retard dans une ville comme celle-ci ? Sans doute pas. « Tu penses rester longtemps ? J’ai besoin d’un batman pour m’empêcher de me faire tuer quand je chasse la nuit par ici. Et accessoirement, il parait que je cuisine bien. C’est toi qui m’en as fait la remarque, d’ailleurs. Tu avais été très satisfait d’un gratin de je ne sais plus quoi. » Louisa sourit. Dean était typiquement le genre de mecs qui l’énervaient profondément. Pourtant, elle l’aimait bien. Si tel n’avait pas été le cas, elle n’aurait même pas pris la peine de l’inviter à manger chez elle. Il allait lui coûter cher en bouffe, et tous les deux le savaient très bien.